Célébration de la Journée internationale des personnes handicapées ce 3 décembre : Les efforts sont immenses, mais il reste toujours des chantiers à ouvrir

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« Vers une société durable et résiliente pour tous », tel est le thème choisi, cette année, par les Nations unies pour célébrer la Journée internationale des personnes handicapées. Cette journée, pour rappel, est célébrée le 03 décembre de chaque année, et ce, depuis 1992. Elle vise à promouvoir les droits et le bien-être des personnes handicapées dans toutes les sphères de la société et du développement et à accroitre la sensibilisation à leur situation particulièrement dans les aspects de la vie économique, sociale, politique et culturelle. Une telle journée qui mérite une attention particulière commande de pointer le curseur sur les grandes réalisations faites en matière de leur prise en charge et d’interpeller encore les différents segments de notre société sur leurs difficultés.

Par définition, le handicap désigne la limitation des possibilités d’interaction d’un individu avec son environnement, causée par une déficience qui provoque une incapacité, permanente ou non, et qui mène à des difficultés morales, intellectuelles, sociales et physiques.

Au Sénégal, la loi d’orientation sociale n°2010-15 du 6 juillet 2010, relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées, va dans le même sens et retient comme définition toutes les personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensibles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut porter atteinte à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité.

Cette couche vulnérable représente 5,9 % de la population de notre pays d’après les résultats du recensement général de 2014. C’est pourquoi l’Etat du Sénégal s’est, sans doute, dotée d’une volonté marquante pour appuyer les personnes handicapées. Le thème national, qui porte sur « L’évaluation des politiques publiques relatives au domaine du handicap : éléments et perspectives », permettra surement de faire un point.

Du côté des réalisations, l’adoption de la loi d’orientation sociale susmentionnée a permis la mise en place, dans les quarante cinq départements du pays, d’organes de gestion du handicap et accéléré la production de la Carte d’égalité des chances qui permet aux personnes handicapées de bénéficier de droits et avantages divers. Cette carte, que le chef de l’Etat a lancée lui-même en 2015, se matérialise de plus en plus grâce à la Direction générale de l’Action sociale par la production et la distribution de 35 921 cartes, l’enrôlement de 25 927 personnes handicapées dans le Programme national de Bourse de sécurité familiale et l’inscription de 17 192 bénéficiaires dans les mutuelles de santé.

Par ailleurs, on pourrait égrener, sur ce chapitre, les réalisations du Programme national de réadaptation à base communautaire qui, dans ses différents volets de formation professionnelle, financement de projet individuel, compte à son actif le financement de plus 1200 projets de 2012 à 2016 sur fonds propres de l’Etat. Les subventions aux organisations de personnes handicapées, l’appui en matériels techniques et orthopédiques et l’appui médical sont également constants dans la prise en charge. Prise en charge prise aussi à bras-le-corps par certaines collectivités locales qui en ont fait un sacerdoce. Il convient de citer le travail colossal que font les organisations des personnes handicapées dans le soutien de leurs membres par des renforcements de capacités, des appuis divers mais aussi de nombreuses organisations non gouvernementales. Côté insertion, il faut saluer les programmes comme le projet « Emphase » exécuté dans la région de Dakar, le recrutement de jeunes handicapés à Dakar Dem Dikk ou dans d’autres sociétés.

Ces différents succès ne doivent pas cacher certaines difficultés. La limite des financements et la faiblesse des partenaires dans le domaine du handicap freinent la satisfaction de nombreuses demandes de réalisation de projets des personnes handicapées. En outre, la prise en charge de l’appareillage de certaines catégories comme les sourds ou les albinos reste encore mesurée.
Quant aux organes de prise en charge du handicap, les Commissions d’éducation spéciale n’ont pas encore produit les fleurs escomptées.

Aujourd’hui encore, elles sont nombreuses les personnes handicapées qui continuent d’être victimes de stigmatisation ou qui continuent de mendier dans nos villes à cause des affres de la pauvreté.

La faiblesse du budget du sous-secteur de l’Action sociale et la dynamique organisationnelle des organisations des personnes handicapées ne sont pas pour régler tous les goulots d’étranglement. Sans compter les besoins de plus en plus croissants dans les domaines de la formation professionnelle, d’inclusion scolaire et d’insertion et réinsertion.

En tout cas, l’espoir est plus que permis pour plusieurs raisons : l’engagement sans faille des travailleurs sociaux, le nouveau souffle qui s’injecte dans plusieurs associations de personnes handicapées à travers le pays, la nomination de personnes handicapées à des postes (Présidence, Conseil économique, social et environnemental, Haut conseil des collectivités territoriales, Assemblée nationale, ministères, pour ne citer que ceux-là) .Cet espoir, le nouveau ministre de la Santé et de l’Action sociale l’a entretenu lors d’une réunion spéciale sur l’Action sociale, tenue le 30 Octobre dernier, en souhaitant soutenir le sous-secteur de l’Action sociale.

Enfin, last but not the least, l’espoir sera fondé sur l’année 2018, une année sociale. Cette dernière offrira certainement plus d’opportunités et de moyens à tous les acteurs pour doper la prise en charge des personnes handicapées dans tous les domaines vecteurs d’une autonomisation tous azimuts qui constitue le maitre mot de l’Action sociale.

Par Abdoulaye Mamadou MBOW
Conseiller en Travail
social/Dakar

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